Agenda

Année 2019

 

Mercredi 27 novembre 2019 - 19h

Café littéraire : L'art de la guerre - Sun Tzu

 

Mercredi 18 décembre 2019 - 19h

Café littéraire : La densification de l'être - Chapus et Venard

 

 

Tarif  : 5€ 

 

En partenariat avec l'Espace Mouneyra

118, rue Mouneyra - 33000 Bordeaux
www.espace-mouneyra.com

Citation

" Le commencement du bien vivre c’est de bien écouter. "

 

Plutarque

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Bordeaux Philo

49 avenue Jeanne d'Arc

33000 Bordeaux

Tel : 06 31 17 45 84 

 

 

La belle endormie

 

Quand j’évoque « La belle endormie », le port de la lune ou encore Burdigala…  Je parle, vous l’aurez deviné, de Bordeaux. Cette ville ancestrale a été, à différentes époques, romaine, anglaise, allemande, et a construit sa notoriété sur le meilleur – le vin du bordelais ! – mais a aussi véhiculé le pire – la traite négrière du commerce triangulaire… Elle a vu naître des philosophes tels que Montaigne et Montesquieu, dont les écrits sont passés à la postérité. Malgré de nombreux bouleversements, elle a su conserver un patrimoine architectural d’exception reconnu par l’Unesco en 2007.

Montesquieu aimait à dire : « J’ai toujours vu que dans la vie pour réussir, il fallait avoir l’air fou, mais être sage ».  A regarder de près l’évolution de Bordeaux ces dernières années, il ne serait pas illégitime de se demander si ce qu’il s’y passe ne serait pas folie. Des sommes astronomiques sont dépensées afin de donner à cette ville un rayonnement international. Qu’elle est en passe d’obtenir ! Le nouveau stade Bordeaux Métropole, le pont Chaban-Delmas et l’auditorium sont des exemples achevés de cette volonté. La cité international du vin, le zénith, le musée d’art moderne sont des exemples en cours et à venir. En moins de 5 ans, Bordeaux va dépenser pour ces projets plus de un milliard d’euro ! En parallèle, nous savons qu’au niveau national les restrictions budgétaires tombent à tour de bras et pèsent sur les revenus des citoyens. « C’est la crise » nous martèle-t-on en continu, et pourtant nous faisons comme si nous étions encore en des temps d’abondance ! Certains économistes affirment que la sortie de crise passera par des investissements. Nos dirigeants s’appuient sur ce genre de propos pour justifier leur ligne de conduite économique. Pendant ce temps, l’opinion publique, souvent sceptique, proteste faiblement. Elle applaudit d’une main et revendique de l’autre. Le rayonnement de Bordeaux a un prix, mais son image de carte postale ne couvre pas totalement les inquiétudes en un avenir qui s’annonce difficile. Bordeaux s’endette, lourdement. Si les résultats espérés par nos élus ne sont pas au rendez-vous, le réveil risque de sonner comme une mauvaise gueule de bois. Comme toujours, ceux qui s’élèvent contre cette démesure sont taxés de rétrograde, voire pire… On les décrédibilise pour ne pas avoir à les entendre. « On construit des maisons de fous pour faire croire à ceux qui n'y sont pas enfermés qu'ils ont encore la raison » nous disait Montaigne. Mais nous ne vivons plus à son époque…

Montaigne et Montesquieu auraient-ils approuvé ce qui se passe ? Y-a-t’il quelque sagesse dans cette apparence de folie ?  On peut penser, à juste titre, que ce n’est pas en laissant nos villes s’enlaidir que l’on améliora les choses. La crise économique ne se réglera pas simplement en dépensant moins. Elle est plus profonde. Elle est aussi humaine, identitaire. Elle est une crise du sens.

Notre ville s’embellit, c’est indéniable, et cela donne confiance en l’avenir ! Mais, pas seulement grâce aux investissements. On voit fleurir de plus en plus d’associations qui embellissent leurs rues et la vie collective. Les gens se réapproprient l’espace publique, ils sont aussi acteurs de cette tendance. Les vies de quartiers qui tendaient à disparaître depuis le début du siècle, refont surface et participent de cette atmosphère de bon vivre. C’est un véritable plaisir de se balader à Bordeaux aujourd’hui. La vie retrouvée des quais et la place de la Bourse, avec son miroir d’eau, sont devenues une vitrine éblouissante de la vie à la Bordelaise. Beaucoup de parisiens, notamment, descendent s’installer sur les bords de Garonne, à la recherche d’une qualité de vie devenue la préoccupation essentielle des Français. Bordeaux est la ville la plus attractive de France, devant Nantes et Toulouse. Les nouvelles infrastructures augmentent le prestige de la ville et son rayonnement international devient indéniable. La preuve en est que Bordeaux, en février dernier, a été couronnée par le site European Best Destination meilleure destination européenne de l’année devant Lisbonne et Athènes, succédant ainsi à Porto. Il faut savoir que Porto, grâce à ce succès, a augmenté sa fréquentation touristique de 16%. L’avenir semble décidément prometteur. Oui ! Il fait bon vivre à Bordeaux.

Le beau est un facteur important, essentiel même, mais il ne passe pas forcément par la dépense publique en multipliant les projets qui coûtent des sommes astronomiques ! Nous tous, citoyens, nous pouvons être à l’origine du beau. Le plus important, c’est que chacun prenne conscience du rôle qu’il peut jouer pour le bien-être collectif. Chacun peut devenir acteur du changement, en se mobilisant pour des valeurs qui améliorent notre vie. Pour cela, il est nécessaire que nos élus délèguent une partie de leurs responsabilités et facilitent par tous les moyens possibles cet état d’esprit citoyen. En démocratie, le changement vient rarement du haut, mais plutôt du peuple. Les citoyens savent ce qui est bon pour eux, contrairement à ce que l’on voudrait souvent leur faire croire. Le changement est toujours personnel avant d’être collectif. Chacun de nous peut incarner, s’il le souhaite le Montaigne ou le Montesquieu du vingtième et unième siècle !

 

Par Christophe

 


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