Agenda

Année 2019

 

Mercredi 27 novembre 2019 - 19h

Café littéraire : L'art de la guerre - Sun Tzu

 

Mercredi 18 décembre 2019 - 19h

Café littéraire : La densification de l'être - Chapus et Venard

 

 

Tarif  : 5€ 

 

En partenariat avec l'Espace Mouneyra

118, rue Mouneyra - 33000 Bordeaux
www.espace-mouneyra.com

Citation

" C'est pas parce qu'ils sont nombreux à avoir tort qu'ils ont raison. "

 

Coluche

Nous Contacter

Bordeaux Philo

49 avenue Jeanne d'Arc

33000 Bordeaux

Tel : 06 31 17 45 84 

 

 

Les dangers du transhumanisme

 

Dépasser sa propre nature est un vieux rêve que l’homme chérit depuis la nuit des temps. Lorsque Platon nous engage à sortir de la caverne de nos illusions pour accéder au monde supérieur des « Idées », il dévoile une autre dimension de l’homme. Lorsque Nietzsche affirme qu’il faut se surmonter soi-même, que l’homme n’est pas un but en soi, mais un pont vers le « surhumain », il suspend au-dessus de nos têtes un destin qui transfigure notre espèce.

 

Ecoutons les vieux mythes : Prométhée vole le feu divin et le transmet aux hommes, Héraclès accomplit ses douze travaux et conquiert l’immortalité des Olympiens. Quoi de plus naturel, en fin de compte, que le mouvement transhumaniste dont la finalité est d’exploiter toutes les ressources de nos techniques pour augmenter nos capacités intellectuelles, physiques et psychologiques, pour mettre fin aux souffrances, aux maladies, supprimer le vieillissement et même la mort !… Si nous en avons le pouvoir, pourquoi nous en priver ? Quel mal y a-t-il à « augmenter » l’homme ? N’est-ce pas ce que l’homme fait depuis qu’il a quitté le règne animal ? Un silex taillé ne prolonge-t-il pas la main, le feu ne réchauffe-t-il pas le corps, la roue n’assiste-t-elle pas la jambe, l’écriture ne soulage-t-elle pas la mémoire ?… L’homme nu n’est qu’un simple primate, tandis que l’homme augmenté définit l’homme en tant qu’humain toujours plus humain.

 

S’il existe un danger dans le transhumanisme, il n’est donc pas dans le fait d’augmenter l’homme ; si c’était le cas, il faudrait cesser de nous vêtir, de construire des maisons confortablement équipées et de nous déplacer en avion, en train, en voiture… Non, le danger que représente la pensée transhumaniste n’est pas une question de moyens, mais de fins. Toute idéologie possède une idée maîtresse qui aimante l’ensemble de ses principes. La grande idée du transhumanisme, c’est l’immortalité terrestre. L’entreprise Calico, fondée par Google en 2013, a ainsi pour ambition de développer tout le potentiel des biotechnologies pour mener à bien son projet Tuer la mort. Il s’agit là du plus monstrueux des desseins, pour cette raison simple que la mort est la possibilité même de la vie. Car la vie est la manifestation visible d’un grand courant d’évolution qui anime le cosmos. Les formes anciennes doivent sans cesse céder la place aux formes nouvelles. Sans la mort, la vie ne peut plus se transformer, elle reste prisonnière de sa carapace. L’immortalité terrestre, c’est la boue qui obstrue les courants de l’évolution, – c’est, non pas le triomphe de la vie sur la mort, mais l’avènement macabre du règne des morts-vivants.

 

Inspirons-nous d’un grand mythe moderne : l’affrontement entre Harry Potter et Voldemort. La différence fondamentale entre le jeune sorcier et le mage noir, c’est que le premier, par amour des autres, accepte la mort. Voldemort, quant à lui, est obsédé par la peur du néant ; il veut accéder à l’immortalité terrestre, et pour ce faire, il doit séparer son âme dans sept artefacts. Cette séparativité est l’essence même du mal qui ne peut aboutir qu’à l’anéantissement, de soi-même et des autres. L’autre et sa différence représenteront toujours un danger pour celui qui craint la mort, et c’est ici que le transhumanisme révèle l’immense danger qu’il porte dans ses fondements. La recherche d’une immortalité médicale du corps ou par téléchargement de la conscience dans différents véhicules obéit à la grande peur qui saisit l’être humain face aux lois mystérieuses de la vie.

 

Chez Platon, chez Nietzsche, dans les vieux mythes grecs, l’homme dépasse sa propre nature, avec le courage qu’il puise en lui-même, par la force de sa volonté, grâce à une profonde expérience intérieure. Tous les enseignements traditionnels de l’humanité insistent sur cette idée que l’évolution humaine est avant tout une évolution de conscience. Les moyens matériels dont on peut s’entourer sont une aide pour créer davantage, pour aller plus loin, mais ils ne sont pas en eux-mêmes des vecteurs d’évolution. La sérénité du sage face à la mort est la seule authentique immortalité qui vaille – celle de l’âme, une et indivisible.

 


  Aucun commentaire pour le moment concernant le sujet « »!

Bordeaux Philo - 118 Rue Mouneyra - 33000 Bordeaux :: Tel : 05 56 08 99 96