L’enfant et la peur d’apprendre
Serge Boimare explique comment, selon lui, on ...
Dans so
n livre , Serge Boimare explique comment, selon lui, on peut vaincre l’échec scolaire grâce à l’étude de la mythologie. Instituteur spécialisé, rééducateur, psychologue clinicien depuis près de 30 ans, il met en pratique une démarche psychopédagogique auprès d’enfants ou d’adolescents trop inquiets pour pouvoir penser et apprendre, et qui refusent les apprentissages scolaires à tel point que les outils pédagogiques ordinaires n’ont pas de prise sur eux.
Le recours à des images mythiques permettant de métaphoriser les craintes refoulées, le voilà qui raconte aux enfants les mythes de création avec des mots comme le Chaos, Gaïa, Aphrodite, Ouranos, Kronos…
Même issus de milieux défavorisés, ils écoutent, passionnés, ces récits archaïques qui évoquent les puissances primordiales originelles, les émotions qui tournent autour de la mort et de la sexualité. Ils veulent savoir écrire ces mots compliqués et ils y parviennent avant même d’écrire leur nom ! Pour ces jeunes en mal de racines, ces récits constituent l’apport d’une identité collective qui agit en tissant autour d’eux un réseau de racines aussi puissantes que les racines familiales : celui des racines collectives de l’humanité.
Ainsi, le mythe préféré de ces pré-adolescents sujets à la violence, est le mythe d’Héraklès, héros qui, malgré sa force, ne peut tout contrôler, n’est pas tout-puissant. Avec lui, ils découvrent l’introversion et le monde intérieur.
Car en racontant le mythe, Serge Boimare leur explique combien le héros, sujet lui aussi à des démonstrations de violence, parvient avec le temps et les épreuves, à vivre sa féminité, donc les qualités de la pensée. Et l’enfant se met à comprendre qu’il y a d’autres réponses que la violence lors des conflits. Face à la polarité masculine, il découvre en lui sa polarité féminine.
Grâce au mythe qui permet de faire tomber doucement la carapace qui protège des peurs, la pensée s’est mise en route et le désir de savoir est libéré des préoccupations personnelles trop envahissantes.
Progressivement l’enfant se réenracine, vainc la peur d’apprendre et trouve la force de se lancer dans la connaissance.
Etrangement, si les mythes fondateurs de nos civilisations deviennent ainsi une solution face à l’échec scolaire, n’est-ce pas avant tout parce qu’ils sont porteurs d’un destin collectif qui unit tous les êtres, au-delà des chapelles confessionnelles, des appartenances ethniques, etc…?
En cette période de débat sur l’éducation, il n’est pas vain de redécouvrir la force des mythes.
Et puisque l’histoire des religions est désormais enseignée à l’école, ne devraient-ils pas y figurer à une place de choix ?
Louisette Badie
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L’enfant et la peur d’apprendre
éd. Dunod
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