La servitude volontaire c’était lui !

De lui, Montaigne dira «Il était le plus grand homme de notre siècle.» ...

De lui, Montaigne dira «Il était le plus grand homme de notre siècle.» Mais qui était-il vraiment ?

Simplement un jeune homme, pétri d’enseignements humanistes et épris de philosophie qui voulait tant que la liberté ne soit pas qu’un leurre. Cette liberté qu’il ne parvient pas à vivre, il a le sentiment pesant que quelque chose l’en empêche !

Aujourd’hui encore, ses questions et réflexions résonnent d’un écho profond, il disait :

Sommes nous vraiment libres de nos mouvements, de nos sentiments, de nos pensées ?

Je ne le pense pas. Nous vivons une servitude volontaire, véritable conduite irrationnelle, par laquelle nous forgeons nous-mêmes les chaînes qui nous relient aux tyrans. Or, c’est uniquement parce qu’on accepte leur tyrannie, que les tyrans l’exercent. Et si l’on s’accommodait moins de cette violence et de cette servitude volontaire, le monde ne serait-il pas autre ? Si nous avions la force de leur résister, ces hommes ne tiendraient pas les rênes du pouvoir. Nous choisirions les meilleurs de la cité et non les moins scrupuleux et les plus agressifs car, par notre passivité, nous créons nous-mêmes nos propres tyrans.

Que se passe-t-il donc dans l’intimité de chaque être, pour ainsi se laisser flouer et tomber dans une dépendance indigne d’un homme debout ?

La raison est à trouver dans le cœur de chacun. Pourquoi se laisse-t-on endormir ? Quel nom donner à cette mouche du sommeil qui anéantit jusqu’à notre bon sens ?

J’appelle paresse native, cette forme de paresse, cet attachement à nos habitudes commodes, qui nous fait responsables des liens de dépendance que nous entretenons de manière négative. Mais notre passivité est source de violence car, un jour, on parviendra à la révolte, et on voudra couper la tête du tyran et se venger de lui … alors que l’histoire montre que des périodes de grande violence et de terreur furent parfois causées par une complicité inconsciente avec l’oppresseur. De fait, nous sommes complices de ce qui nous opprime. Et si on ne change rien aux causes qui ont engendré cette dépendance, il y a fort à parier qu’elle se déplacera vers un autre tyran lorsque celui-ci aura eu la tête coupée, et qu’elle continuera sous un nouveau visage… Et ainsi, on continuera sans enrayer le phénomène. Et ainsi, la violence se perpétuera en changeant de cible. Nous avons la responsabilité de nous changer nous-mêmes pour faire échec à la tyrannie. En refusant de nous faire le complice de ce qui nous opprime, il y a des chances pour qu’il y ait moins de violence sur terre.

Ainsi parlait Etienne De La Boëtie.

Il avait à peine 16 ans ! Ces propos nous dérangent-ils tant que son nom soit rayé des mémoires quand l’actualité de sa pensée se fait si pressante ?