Agenda

Année 2019

 

Mercredi 27 novembre 2019 - 19h

Café littéraire : L'art de la guerre - Sun Tzu

 

Mercredi 18 décembre 2019 - 19h

Café littéraire : La densification de l'être - Chapus et Venard

 

 

Tarif  : 5€ 

 

En partenariat avec l'Espace Mouneyra

118, rue Mouneyra - 33000 Bordeaux
www.espace-mouneyra.com

Citation

" Une personne qui se laisse pousser par le courant, sans idéaux ni convictions, devient quelque chose qui bouge plutôt qu'un être vivant. "

 

Amiel

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Bordeaux Philo

49 avenue Jeanne d'Arc

33000 Bordeaux

Tel : 06 31 17 45 84 

 

 

Marchands de nature

 

Il y a le choix au rayon du bonheur : les publicitaires n’épargnent aucune ...

Il y a le choix au rayon du bonheur : les publicitaires n’épargnent aucune image bucolique pour nous conduire à imaginer que nous mangeons authentique et naturel:

« le fromage blanc battu à la campagne » donne ainsi l’illusion de la qualité artisanale

et du parfum des champs … Un dessert blanc, onctueux, raffiné direz-vous, à l’image de tous les autres produits raffinés qui l’entourent.

Raffinés... le mot est subtil.

Nous avons l’impression de consommer des mets raffinés en saveur parce que sucrés, mais raffinés c’est aussi ce que sont tous les aliments que nous consommons, car nous avons troqué les aliments complets (farines, sucres) contre des aliments en apparence raffinés, mais vides de leur substance.

Nous avons délaissé les céréales complètes, pilier traditionnel de l'alimentation, dont la valeur nutritionnelle ressort aujourd’hui très amoindrie qualitativement par le

raffinage, qui, par contre, augmente leur pouvoir calorique. Bonjour les kilos !

Par le raffinage, le grain perd la couleur brune du son. Il "blanchit" et subit ensuite un enrobage de glucose et de talc, histoire de lui redonner du goût. La pratique qui consiste à rajouter insidieusement une proportion toujours plus importante de sucre permet avant tout de masquer l'amertume des produits ou d’en dissimuler l'acidité.

Cela flatte ainsi le goût du client, d'autant plus facile à satisfaire que le produit est édulcoré. Car nous supportons de moins en moins ce qui n’a pas une saveur douce

et acidulée, préférant peu à peu manger sucré.

La recherche du plaisir et des sensations agréables gagne donc nos assiettes, mais au prix de notre santé. Quand on réalise que les Américains ont multiplié par 60 leur consommation de sucre depuis le début du siècle dernier, et qu'il s'agit de sucre raffiné, on comprend mieux comment le nombre de diabétiques et de grands obèses est passé chez eux de 3% à 25% de la population sur une même période.

Et si demain vous pensiez courir au supermarché acheter du sucre roux pour mettre le sucre blanc raffiné à la poubelle, arrêtez-vous de suite. L'appellation "sucre roux" ne suffit pas ! Certains sucres dits "roux" ne sont en fait que des sucres blancs colorés et on peut même affirmer tant ce sucre est proche du sucre industriel, que le consommer à la place du sucre blanc c'est surtout se donner bonne conscience !

Peu à peu, parés des vertus du goût et de l’authentique, de nombreux professionnels de la distribution se sont transformés en techniciens « raffinés » du marketing, développant dans leur rayon frais des

produits pas toujours très naturels, comme la tomate, ramassée verte, qui rougit en accéléré comme une star quand on l’arrose avec un produit à base d’oxyde d’éthylène et qu’il faudra ensuite arroser d’une autre substance chimique, afin de durcir sa peau pour éviter l’écrasement...

Nos hypermarchés recréent à grand frais les ambiances des marchés de saisons, nous proposant fruits et légumes d’une beauté incomparable et sans aucun défaut, où la perfection du produit n’est pas dans sa saveur mais dans le fait d’être parfaitement calibré et de bien se tenir dans les longs stockages et transports nécessaires aux chaînes de distribution.

La nature n’est plus aujourd’hui le terroir d’origine d’où provient notre alimentation mais, avant tout, une image qui fait vendre et le consommateur non averti, auquel on fait tout oublier par des

apparences trompeuses, oublie facilement que 90% de sa nourriture sort d’une usine. Nous payons décidément bien cher en réponse à notre quête de bien-être, des images en trompe l’oeil fleurant bon l’authenticité.

Dans une société avant tout marchande, il est parfois utile de se rappeler qu’être bien, c’est d’abord assumer, sans se voiler la face, la réalité qui nous entoure !

N’en déplaise aux vendeurs d’illusions avec leurs belles images de nature...

 


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