Les 3 grâces

Momentanément absente de la place de la Bourse qu’elles habitaient depuis ...

Momentanément absente de la place de la Bourse qu’elles habitaient depuis 1865, les trois Grâces dans leur ronde gracieuse m’inspirent toujours...

Comme ce lundi matin sur les quais, il y a bien longtemps, je me souviens…

Plein soleil sur la Garonne, à l’heure où le monde s’éveille, les yeux fermés quelques instants, je respirais largement et tentais de voir avec les yeux de l’âme.



Facile à dire, mais ne voit pas qui veut !



Nous semblons en effet, accepter les règles d’une vie fade dont le seul moteur est la survie, alors que chacun de nous rêve de grandeur. Drôle d’époque qui déchire les hommes en prétendant faire leur bonheur.

Suis-je désuet , romantique ?

Peut-être …

On ne voit que ce que l’on sait reconnaître en soi. Loin des canons éphémères qu’une mode mercantile nous impose, toujours l’homme s’éveille de

l’intérieur...

La fontaine semblait me narguer avec son message évoquant le Printemps de Botticelli , ou les trois Grâces incarnant les étapes de la métamorphose de l’âme, Beauté, Amour et Joie, tracent un chemin vers les hauteurs de l’être.

Oui, ce matin-là, le spectacle de la nature éveilla dans mon âme la réminiscence de beautés intérieures. Et l’espace d’un instant, se détournant des troubles du monde, l’amour devint joie… non la joie d’un instant qui nous laisse comme une épave abandonnée, mais cette joie profonde qui n’est déclenchée par rien d’extérieur, une joie sans prétexte et sans limite. Un couple de touristes anglais m’accosta et je fus ramené brutalement dans l’espace temps. J’avais raté mon bus du fleuve et les quais peu à peu se peuplaient d’une foule disparate et pressée.

Mais le message de la fontaine est resté gravé en moi comme une ode de pierre à l’aventure intérieure dans laquelle Beauté, Amour et Joie inspirent, dans une ronde silencieuse, l’âme de celui qui a appris à voir.



Fred

berard.fr@voila.fr